La Statec envisage « un renforcement de la dynamique économique à partir du 2e semestre 2021 ».  Le  Grand-Duché  a  donc  mieux  résisté  à  la crise sanitaire que ses voisins européens… Et redécolle plus vite. Pour ce qui est de l’immobilier, qui a  encore  augmenté  de  14,5  %  en  2020,  les  experts anticipent un retour à des chiffres de hausse plus raisonnables (9 % en 2021 et encore 5 % en 2022).

Il y a d’abord les bonnes nouvelles. Le Grand-Duché a globalement mieux résisté que prévu aux conséquences économiques de la crise sanitaire et va retrouver plus rapidement une croissance de bon aloi.

La dernière note de conjoncture de la Statec (Institut national de la statistique et des études économiques) estformelle : « Sous les effets de la pandémie, l’activité économique au Luxembourg a subi un recul en 2020, mais celui-ci apparaîtpeu prononcé en comparaison européenne… »  De  fait,  la  baisse  du  PIB  en  2020  (-1,3 point) dans le pays est bien moindre que celle enregistrée sur  la  zone  euro  (-6,8  %).  Et  pour  les  années  2021  et 2022, « l’accélération de la vaccination permet d’envisager une baisse significative des restrictions à l’activité et un renforcement de la dynamique économique à partir du 2e  semestre 2021, en combinaison avec les mesures de relance nationales et internationales. Le PIB du Luxembourg devrait ainsi enregistrer une progression en volume de 6 % sur l’ensemble  de  2021, suivie  d’une  expansion  de  3,5  %  en 2022 » se félicitent les experts. Tous les clignotants au vert (ou presque)

Dans le détail, on remarque que l’organisme estime encore qu’en 2021 le déficit public devrait nettement se résorber avant de laisser la place à un léger excédent en 2022, que la pandémie a impacté la consommation d’énergie, mais que la production domestique a augmenté et que le taux de chômage devrait se stabiliser à un peu plus de 6 %…

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Évidemment, le ministre de l’Économie Franz Fayot est tout sourire. Pour lui, ces bons chiffres sont la preuve de « la solidité des fondamentaux de l’économie luxembourgeoise d’avant la crise » et de la pertinence de « la panoplie des instruments de soutien mise en œuvre pour soutenir les entreprises et leurs salariés pendant la pandémie, en particulier grâce au chômage partiel ».

Le ministre pense que les choix ont été judicieux avec des mesures qui ont « permis d’un côté de préserver et stabiliser le tissu économique pendant la crise et de l’autre côté, d’accompagner d’ores et déjà la relance post-covid en subventionnant par des aides à l’investissement extraordinaires l’innovation  sous forme de nouveaux processus de production, de digitalisation, de dépassement de normes environnementales… »

Fort bien. Mais quid du marché de l’immobilier ? Lequel, admet la Statec, « constitue l’une des préoccupations majeures des citoyens et de la politique économique et sociale ». En effet, la hausse des prix annuelle va croissant depuis 2009, et atteint 14,5  %  en  2020 !  « De  quoi  écarter  les  ménages  à faibles revenus de l’accession à la propriété. Or, les prix au Luxembourg sont sans doute parmi les plus élevés en Europe… » convient la Statec. Et pis encore : avec la récente flambée, voire le risque de pénurie observée sur certains matériaux (acier notamment), les tarifs et délais de livraison des logements abordables vont être par ailleurs affectés…

“LA HAUSSE EN 2021 SERAIT CONTENUE DANS UNE FOURCHETTE DE 5 À 12,5 % ET CELLE DE 2022 ENTRE 1 ET 8,5 %…”

Un optimisme tout relatif

Dans ce contexte, les prévisions des hausses du prix du marché que livre l’Institut sont à considérer comme des bonnes nouvelles. Soit encore un +9 % en 2021, mais un +5 % en 2022 (on serait tenté de dire seulement).

Pour expliquer ce relatif optimisme, la Statec juge en effet  que  sur  les  derniers  exercices  (2019  et  2020), eu égard aux critères habituels qui déterminent les prix de vente (à savoir par exemple, notamment, le stock de logements, les prix des terrains, la démographie, le coût du crédit), les hausses observées furent « excessives ». Selon l’organisme, ou les facteurs fondamentaux traditionnels avaient été mal mesurés, ou la flambée des prix « résulte d’actions spéculatives ou d’autres facteurs exceptionnels ».

Dès lors, ayant modifié quelque peu ses modes de calcul, la Statec maintient ses prévisions, mais prévient déjà en termes pudiques qu’un « périmètre d’incertitude demeure ». Autrement dit, la hausse en 2021 serait contenue dans une fourchette de 5 à 12,5 % et celle de 2022 entre 1 et 8,5 %…

Et si, tout simplement, au-delà de tous les facteurs et toutes les équations, le marché de l’immobilier demeurait avant tout hermétique aux facteurs mathématiques et rationnels ?