UN ÉCHANGE OUVERT QUI A EU LIEU À HOME EXPO LE 12 OCTOBRE 2021

Felix Hemmerling, PDG et cofondateur de Kodehyve, Jean-Paul Scheuren, Président de la Chambre Immobilière et Jean-Nicolas Montrieux, CEO de Inowai Group, ont abordé le statu quo de la digitalisation dans l’immobilier au Luxembourg. Découvrez les défis et les opportunités des nouvelles technologies dans l’écosystème immobilier.

Pour Jean-Nicolas Montrieux, « la digitalisation est une opportunité pour le monde de l’immobilier ».

Pour discuter de ce sujet, il a invité la Chambre Immobilière tournée vers la digitalisation de ses outils comme le portail vivi.lu et en recherche constante de solutions innovantes pour aider les membres dans cette évolution.

Et Felix Hemmerling, CEO de Kodehyve, une société qui vise la digitalisation du secteur immobilier au Luxembourg et en Europe, et les flux et process de travail à travers les entreprises.

Digitalisation et immobilier surmonter une image traditionnelle

Le constat est là : si le Luxembourg dénombre plusieurs portails immobiliers plus ou moins évolués d’un point de vue technologique, côté administratif, c’est le vide : « nous manquons de processus pour suivre les démarches et autres autorisations. Tout ce fait encore par papier.Notre secteur souffre d’une image traditionnelle parce qu’aucun process n’est digitalisé », explique Jean-Paul Scheuren.

Si cette situation ne posait pas de problème jusqu’alors, la venue de la Covid a bousculé les habitudes. « Il a fallu mettre en place des visites virtuelles ».

Cet outil d’infiltration a permis d’optimiser certains aspects économiques d’une entreprise. En effet, « les visites virtuelles évitent de faire des visites inutiles. L’expérience client est alors optimisée. Ce gain de temps est extrêmement précieux ». Même constat du côté des promoteurs : « on travaille toujours de façon très traditionnelle, mais des outils comme les showrooms digitaux et la visualisation 3D se sont développés ».

Le PDG de Kodehyve soutient également qu’à partir de 2020, ce sujet est devenu prioritaire. « Les acteurs commencent à en voir les avantages plutôt que les risques. Même si ce secteur a la peau dure, les choses bougent ». Pour la Startup luxembourgeoise, différentes solutions technologiques ont ainsi pu profiter de ce changement mondial pour se développer rapidement comme la réalité virtuelle, « la réalité augmentée et la signature électronique ».

La Scandinavie en guise d’exemple

« La Suède est très avancée sur la tokenisation de son cadastre et la publicité foncière », précise le Président de la Chambre Immobilière. « Même si on a fait de gros efforts sur le sujet, d’autres pays sont bien plus avancés que nous dans la digitalisation des procédures ». Pour Felix Hemmerling, dans ces pays, « les process en général et même les autorités sont de plus en plus digitalisés et fluidifiés. En Finlande ou au Danemark, on ne se rend pas chez le notaire pour signer un acte notarié pour acheter son bien. L’acheteur et le vendeur réalisent leurs transactions eux-mêmes et les autorités gèrent tout ce qui est enregistrements et documents officiels ». Jean-Paul Scheuren de rajouter : « l’enregistrement des actes et compromis de vente serait le premier process à mettre en place dans le digital. On aimerait avoir un outil qui nous permette de suivre en détail où en sont les autorisations parce que c’est un sujet extrêmement important et critique. Le LISER, l’institut des statistiques de l’observatoire de l’habitat dit lui-même qu’il ne dispose pas des statistiques pour savoir combien de projets sont en cours et qu’on n’avance pas. On a besoin d’avoir des solutions plus digitales et transparentes dans ces domaines pour les utilisateurs. Finalement, je pense que la tokenisation de l’immobilier va ouvrir de nouvelles voies axées sur le peer to peer ».

Des solutions dans le privé comme « le syndic digital permettent de transformer la vie en copropriété en une vie en collectivité. Il faut se servir de ces exemples ».

Éduquer les clients à la digitalisation

Felix Hemmerling est formel : il y a une réelle demande de la part des jeunes clients notamment qui attendent plus de transparence dans les flux et une expérience plus aboutie dans leurs démarches.

« Quand on achète un objet à 20 euros sur Amazon, on peut suivre le processus d’achat. Quand on investit un million d’euros dans un immeuble au Luxembourg, il n’y aucune transparence ou visibilité dans les process. C’est quelque chose qui va et doit changer dans un avenir très proche ». De ce côté-là le secteur financier a dix ans d’avance ! « Il est centré sur l’utilisateur final ».

Encore faut-il pouvoir éduquer le marché sur ces nouvelles technologies. « Il faut développer des solutions innovantes, mais aussi rassurer les intervenants. Encore une fois, c’est un marché qui n’est pas toujours à l’aise avec ces nouvelles solutions. Beaucoup de questions sont posées autour des risques potentiels ». Il conviendra alors de montrer que la digitalisation est « quelque chose qui coûte certes de l’argent, mais apporte aussi beaucoup d’avantages ». Un gain donc en productivité et coûts.

De tout petits pas qui permettent d’en engendrer d’autres

De manière plus générale, la PropTech peut être la suite de la FinTech dans l’immobilier au Luxembourg : devenir 100 % digitale dans tous les processus de travail. Car le FinTech est la preuve que la digitalisation offre plus d’avantages que d’inconvénients.

La PropTech pourrait finalement servir à changer les métiers. « La loi anti-blanchiment a démarré dans les banques avant d’être transposée au secteur immobilier. On hérite des solutions que les banques ont mises en place », précise Jean-Paul Scheuren.

En ce qui concerne l’évaluation immobilière, en revanche, cela devrait aller dans le sens inverse. « Une fois que le secteur immobilier aura mis en place l’intelligence artificielle pour réaliser de bonnes évaluations sur base de la réalité du marché, nous pourrons l’amener vers la FinTech ». Ce sont des parallèles entre les deux. « Ces deux business plans sont challengés par la digitalisation et si on ne le fait pas aujourd’hui, on risque de ne plus être là demain ».